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Dictionnaire démographique multilingue (première édition, 1958)
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On peut classer les principales unités statistiques1 utilisées en démographie, en deux catégories d’après leur nature : les unités abstraites, constituées par des évènements (201-3,, et les unités concrètes. Parmi ces dernières, une des plus importantes est l’individu2, ou personne2 — on disait autrefois, et l’on dit encore parfois en ce sens : âme2, ou tête2(cf. 202-1*, 435-5* et 902-7). Le ménage3, unité statistique complexe de caractère économico-social, est en principe constitué par l’ensemble des individus vivant habituellement en commun, au même foyer — d’où l’appellation de feu3 utilisée jadis (on dénombrait alors les feux comme nous dénombrons aujourd’hui les ménages). La définition précise du ménage varie selon les pays, voire selon les enquêtes. Pour faciliter les comparaisons internationales, on a recommandé de définir le ménage comme un groupe de personnes vivant au sein d’un même logement (120-1) et prenant leurs repas en commun, et de distinguer, à côté des ménages ordinaires4, correspondant à la notion usuelle, des collectivités5 groupant les individus vivant habituellement en commun dans certains établissements. Un individu vivant seul est généralement considéré comme constituant un ménage d’une personne6. Suivant les cas, les pensionnaires7 des particuliers, voire les simples locataires d’une chambre meublée8 chez des particuliers, peuvent être ou non compris dans le ménage dont ils partagent le logement.
- 2. Dans le langage courant, le mot gens sert souvent de pluriel à personne ; p. ex. dans les expressions : gens mariés, gens âgés, jeunes gens (324-3).
- 3. Noter que le mot ménage est souvent synonyme de couple marié (501-8) dans le langage courant, p. ex. dans les expressions : jeune ménage, vieux ménage, ménage sans enfant, faux ménage (503-3*), en ménage (d°), ménage dissocié (512-7).
Les anciens auteurs, utilisant la terminologie fiscale de l’ancien régime, parlent de feux allumants (équivalant, en langue moderne, à logements habités) et de feux exempts (sous-entendu : de taille, c’est-à-dire d’impôts directs). - 5. Dans la statistique française, la population comptée à part (310-7*) n’est pas répartie par ménages ; seul le personnel de service ou d’encadrement des établissements correspondants non compris dans des ménages ordinaires y est, le cas échéant, groupé en ménages collectifs.
- 7. Le pensionnaire se procure à la fois nourriture et logement contre paiement d’une pension.
- 8. appelés chambreurs dans la statistique canadienne.
Noter que le mot français logeur désigne la personne qui procure le logement, alors que le mot anglais «lodger» désigne celle qui est logée.
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Lorsqu’un ménage ordinaire (110-4) comprend plusieurs personnes, celles-ci sont dites membres du ménage1 et l’une d’elles est considérée comme chef de ménage2 — sans qu’il soit d’ailleurs toujours précisé qui doit être tenu pour tel : ce peut être éventuellement, le principal soutien économique3 du ménage (cf. 358-3). Les formules de recensement comportent généralement une question sur le lien4, ou relation4, existant entre le chef de ménage et chacun des autres membres du ménage. Ceci permet éventuellement de distinguer divers éléments du ménage (115-2*) au sein des ménages complexes5, c’est-à-dire des ménages dont les membres n’appartiennent pas tous à la même famille biologique (113-1).
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La famille1 (cf. § 113 et 115) doit être soigneusement distinguée du ménage (110-3). Elle résulte des liens qu’implique le processus de reproduction, surtout dans la mesure où ces: liens sont sanctionnés socialement par des dispositions légales ou coutumières. Dans les sociétés de type européen, la famille repose principalement, d’une part sur l’alliance (114-8) entre époux résultant du mariage, et d’autre part sur la parenté (114-3*) existant entre les parents2 (pl.) — père3 et mère4 — et leurs enfants5 — fils6 et filles7.
- 2. Au sens restreint qu’il revêt ici (cf. 114-3), le mot parents ne s’emploie qu’au pluriel; le singulier correspondant peut être fourni par le terme juridique auteur.
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L’ensemble constitué par un couple (503-4) et ses enfants (112-5) est parfois appelé famille biologique1 Envisagés dans leurs relations mutuelles, les enfants d’un même couple sont dénommés frères2 ou sœurs3, suivant leur sexe. Leur ensemble constitue ce qu’on appelle une fratrie4. Lorsque des enfants ont seulement un auteur (112-2*) commun, ils sont dits demi-frères5 ou demi-sœurs6, suivant leur sexe.
- 2. Dans la terminologie juridique, les mots frère et sœur peuvent désigner des individus n’ayant qu’un auteur commun (cf. 113-5 et 113-6). On qualifie alors respectivement de germains, consanguins ou utérins, les frères et sœurs qui ont en commun, soit leurs deux parents, soit seulement leur père ou leur mère.
- 3. Cf. note précédente.
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Deux individus dont l’un descend de l’autre, ou faisant partie de la descendance1 d’un même ascendant2, sont dits parents3, ou apparentés3. Dans les cas simples où deux individus descendent l’un de l’autre ou n’ont en commun que deux ascendants formant un couple (503-4), on détermine généralement leur degré de parenté4, en comptant le nombre de rapports de filiation constituant les maillons de la chaîne qui les relie, en passant éventuellement par le couple d’ascendants communs (il existe toutefois d’autres modes de décompte). La relation entre les parents (au sens du n° 112-2) et leurs enfants, dénommée filiation5 lorsqu’elle est envisagée dans la personne des enfants, prend respectivement le nom de paternité6 ou de maternité6 lorsqu’on la considère dans la personne du père ou de la mère. Le mot progéniture7 désigne à proprement parler l’ensemble des enfants (112-5) d’un même individu, d’un même couple, ou d’un certain groupe d’individus (cf. 116-3) ou de couples; mais il est parfois employé au sens plus large de descendance (114-1). La parenté (114-3*) au sens propre, définie par une relation de consanguinité, est distincte de l’alliance8, relation que le mariage établit entre un individu d’une part, et son conjoint ou tout parent (au sens du n° 114-3) de son conjoint d’autre part. Le langage courant comprend toutefois bien souvent les alliés d’un individu au nombre de ses parents.
- 1. descendance, s. f. : ensemble des descendants (s. m.) d’un même individu.
- 2. ascendant, s. m. — ascendance, s. f. : ensemble des ascendants d’un même individu.
- 3. parent, adj. ff. s. m. — parenté, s. f. : relation entre deux parents (au sens du n° 114-3) ; ensemble des parents (d°) d’un même individu.
Il y a parenté en ligne directe entre ascendants et descendants, et en ligne collatérale dans les autres cas : les parents en cause sont alors dits collatéraux (adj. ff. s. m.). 8. alliance, s. f. — allié, pp. ff. s. : personne unie à une autre par une relation d’alliance.
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Au sens technico-démographique du terme, la famille1 qu’on appelle alors volontiers famille statistique1, est une unité statistique (110-1) dont la définition varie selon les pays. Dans certains, notamment en France, la définition de la famille statistique repose sur la notion de famille biologique (113-1). Dans d’autres pays, par contre, des considérations économiques et sociales ont conduit à rapprocher les notions de famille (112-1) et de ménage (110-3), et à définir la famille statistique par référence à l’élément familial principal2 du ménage, constitué par le chef de ménage, son conjoint, et ceux de leurs enfants vivant à leur foyer qui ne sont ni mariés ni chargés d’enfants.
- 1. En France, le principe adopté pour l’établissement de la statistique des familles (635-1) est qu’il y a autant de familles qu’il y a de mariages, actuels (cf. 611-2) ou dissous (cf. 510-1*), représentés à l’instant envisagé. Ces statistiques peuvent être considérées comme résultant du classement des chefs de famille d’après le nombre de leurs enfants — nés vivants (601-5*), ou survivants (cf. 635-3) —, à condition de dépouiller l’expression chef de famille de son sens juridique usuel, l’un ou l’autre des conjoints ou anciens conjoints (cas du divorce) pouvant être tenu pour tel, selon les besoins.
Noter qu’aux États-Unis le mot «family» désigne souvent un ensemble d’individus apparentés (114-3) ou alliés (114-8*) vivant au sein d’un même ménage. - 2. On dénomme éléments du ménage les diverses parties constitutives d’un ménage complexe (111-5).
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Précisant un des sens que revêt le mot génération1 dans le langage courant, les démographes utilisent cette dénomination pour désigner un ensemble d’individus nés pendant une période donnée. Si cette période n’est pas précisée, il est généralement sous-entendu qu’il s’agit d’une année civile. Par généralisation de cette notion de génération, on aboutit à celle de cohorte2 ou promotion2 : ensemble des individus ayant vécu un événement semblable au cours d’une même période de temps. Le mot génération3 peut aussi désigner, en démographie comme en généalogie, la progéniture (114-7) d’une génération au sens du n° 116-1. On considère parfois des générations constituées d’individus de même sexe, dénommées suivant le cas générations masculines4 ou générations féminines5, notamment pour le calcul de l’intervalle entre générations successives (713-1).
- 1. Le mot génération désigne aussi l’action d’engendrer (cf. 601-2*); le sens qu’il revêt dans l’expression durée moyenne d’une génération (713-1) s’apparente à ce sens étymologique.
- 2. Le mot classe désigne, dans la terminologie militaire, une promotion de conscrits. On dénomme classes creuses des classes issues de générations creuses,c’est-à-dire de générations nées pendant des périodes où la natalité s’est trouvée temporairement abaissée de façon notable.
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